[…] Autour des années 2000, le travail de Paul Viaccoz s’est pour ainsi dire incarné, cédant sa réflexion sur la seule peinture et ses discours d’abstraction pour investir le champ de l’image et de la figure. Comme une aspiration, le paysage y trouve aussitôt sa place (considérant Le dernier et le nouveau déjeuner sur l’herbe (1999) comme pièce inaugurale). Conjointement […] l’artiste reprend la systématique des boîtes, instaurée en 1996, pour les développer en livres-objets: 40 pas de danse et 40 tableaux (1999) se compose d’une maquette de pavillon à construire, dont on remarquera que l’unique ouverture oblongue n’offre de vue sur aucun horizon quand l’accès même à cette habitation est précédé d’une représentation de sous-bois. Bientôt se dessine une méthode dans l’élaboration de son travail, qui repose essentiellement sur le principe de juxtaposition: renfermer au sein d’une même pièce différents procédés ou techniques, chacun étant sujet à une approche spécifique, les mettre en regard et (tenter de) les faire dialoguer.
Maquette, photographie, dessin, peinture, texte, objet et vidéo s’entremêlent ainsi au gré des œuvres. Avec un certain recul, il serait possible d’y déceler un système clos, fait de récurrences et de réadaptations, basé sur un répertoire, dont la signification ne cesse de s’épaissir selon son utilisation. Sur ce système, proche en de nombreux points de la définition structuraliste du bricolage, Viaccoz met en œuvre ses obsessions, il les assoit et en joue, souvent avec ironie et autodérision, n’en révélant que davantage l’inextricable réseau et l’autorité souterraine.
Des figures s’installent progressivement, par itération: l’arme à feu, la guerre, la mort, la flore, la faune (ailée, de préférence), l’univers clinique, l’économie domestique, le transport et ses moyens… et, partout, le paysage, naturel, reporté, reconstruit, réduit ou intégré. Ni cadre, ni décor, le paysage représente un véritable terrain d’enjeux et l’artiste de s’essayer, au fil de ses pièces, à en décliner les virtualités. […]
Extrait du texte de Stéphane Cecconi